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Epiphane
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NME Album Review - Ghost Stories

NME donne un 7/10 à Ghost Stories

Une approche nouvelle et minimaliste qui donne le sentiment que ce dernier album de coldplay  n’est autre que l’album solo imperceptible et solitaire de Chris Martin

Il fut un temps où capter la subtilité des paroles de Chris Martin était un sport, une course pour deviner la prochaine rime. Comme Noel Gallagher – (et cela ne sonne-t-il pas comme une évidence ?) – Martin semble remplir l’espace, balançant quelques platitudes pour renforcer les quelques mesures  entre ces énormes refrains. Peut-être n’est-il pas encore tout à fait  comme Dylan, mais chacun trouvera en Ghost Stories différentes sortes indices, peut-être même tentera-t-on maladroitement de faire rimer « conscience » avec « couple ». C’est parti, tentez le coup.
Pourtant, peut-être est-il réellement un peu comme Dylan. Si Coldplay a un jour l’intention faire couler son propre sang sur ses titres (et si vous reteniez votre souffle pour ça, vous êtes probablement en train de lutter) c’est le moment. Il y eut un véritable soupir de soulagement général quand la nouvelle est tombée sur la rupture entre Martin et Gwyneth Paltrow. Nous avons tous perdu quelque chose à ce moment-là, l’image séduisante de l’homme un peu gauche, du monsieur tout le monde pas tout à fait rockstar courtisant la superstar d’Holywood – mais peut-être a-t-on également tous à y  gagner. Un album à l’état brut, un véritable album de Coldplay doit être un régal inattendu pour satisfaire le plus grand nombre, et un poids en moins sur les épaules de Martin.
 
Ils l’ont fait les yeux grands ouverts, avec l’intention d’ajuster à la fois le son et la position, et c’est une stratégie familière. Il y a toujours eu un peu de U2 dans le cheminement de Coldplay, de l’ascension des stades les plus vertigineux à, naturellement, l’emploi des talents féériques de Brian Eno.
Si l’on compare album par album, cela donne quelque chose comme ça: X&Y était aussi complaisant que « Rattle and Hum », « Viva la vida » - avec sa fameuse « Enoxyfication »,  mélange animé entre la pop pure et la prise de conscience de leur environnement – était aussi séminal que « Achtung Baby »., Nous pouvons définir avec soin Prospekt’s March comme étant leur « Zooropa » pendant que Mylo Xyloto était l’équivalent de « Pop » sous tous les angles, tous les cris stridents,  les aigus décousus,  les banderoles prêtes à être déployées. Ce qui place Ghost Stories sur la même lignée que « All That You Can’t Leave Behind ». Un retour aux principes de base. La prochaine étape pour Martin est l’achat d’une place première classe dans le monde entier.
Mais Coldplay ne redémarre pas encore tout à fait à zéro. Il partage une certaine simplicité mais l’approche est radicalement différente. Harnaché à des producteurs aussi divers que Paul Epworth, Timbaland et Avicci, Coldplay n’a jamais sonné plus électronique. Ghost Stories diffère vraiment de Mylo Xyloto dans une conception de faible intensité, sonique voire lyrique, avec le titre mené par Avicci A Sky Full Of Stars , lâchant du lest et sonnant presque comme une redite balbutiante de Every Teardrop Is A Waterfall.
C’est une réticence qui semble plutôt normale ; l’introspection n’est pas propice au dévoilement. Le véritable cœur de Ghost Stories se trouve dans les Bon-Iver-ismes déformés de Midnight à travers la complainte dévastée (''leave a ligh on")  (« laisse une lumière allumée »), avec la nudité battue mais encore invaincue de Magic (''If were to ask me/After all that we've been through/Still believe in magic?/Yes, I do/Of course I do") (« Si tu me demandais, après tout ce que l’on a traversé, si je crois encore en la magie, oui j’y crois, bien sûr que j’y crois »), dans  les magnifiques boucles de synthé désaccordées  d’Oceans et dans les textures de Dubstep agitées de True Love, dans lequel Martin croasse « One last time/ Tell me you love me » (« Une dernière fois, dis-moi que tu m’aimes »), et l’on commence tous à ressentir son sentiment de vide. Pour un album dans lequel apparemment, pour la première fois les autres membres sont à l’origine de la création des chansons,  cela ne ressemble pas qu’un peu  à un album solo de Chris Martin.
 
Et dans cette optique, il n’y aurait pas pu y avoir de feu d’artifice. Ghost stories est plus un sentiment  qu’une suite de chansons et prend le succès pour acquis. Ce sentiment n’est pas rancunier, il est sans effusion de sang et résigné, mais touchant à la fois. Avec sa chaleur, son délicat virage, c’est un succès discret et, alors que les chœurs et les  glissades synthétiques de « Always In My Head » introduisent l’album, cela nous suggère qu’il a été morcelé de sorte que tout le monde puisse poursuivre sa route. Tout cela fait partie du processus.

7/10

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